Avenir, avenir

Le futur. Ou plutôt notre proche avenir sera le thème de cet article. C'est que la mode est aux dystopies, que ce soit en littérature ou au cinéma. Ainsi des sagas  young adult comme Hunger Games , Divergente ou encore Le labyrinthe ont eu un joli succès au box office. 

L'anticipation est l'un des genres préférés du cinéma de ces dernières années, nous laissant de nombreux films à visionner que ce soit Waterworld ou Bienvenue à Gattaca ou encore Time out de Andrew Niccol. La télévision n'est cependant pas en reste puisque Hulu vient d'adapter La servante écarlate (The Handmaid's Tale) de Margaret Atwood. 

Les premiers épisodes sont sortis et nous emmènent dans la réalité terrifiante d'Offred (géniale Elisabeth Moss). Jeune femme fertile qui, dans un futur très proche du nôtre, voit ses droits bafoués par le système patriarcal au pouvoir. Etant l'une des rares femmes à pouvoir encore avoir enfanter, elle est forcée de devenir une "servante écarlate" et de porter l'enfant de son maitre et de sa femme tout en restant prisonnière de cette société fondée sur la peur. Malgré les épreuves, elle garde sa volonté intacte.

La série : The Handmaid's Tale (B.Miller, 2017, 2 saisons)

Pourquoi la voir ?

•   Pour sa résonance inquiétante avec notre société actuelle. Les droits des femmes sont l'uns des sujets brûlants de l'actualité ces dernières années, subissant des avancées mais aussi, des reculs terrifiants comme aux Etats-Unis, avec la nouvelle politique mise en place. Plus que jamais, la série fait écho aux dérives de notre système et montre un monde dans lequel le nôtre pourrait très bien dégénérer. 

•   Pour son esthétique sublime et terrifiante. Adoptant une palette de rouges et de blancs, les premiers représentent une touche sanglante (mais aussi féminine) dans un univers aseptisé dominé par une blancheur clinique.

•   Pour ses performances d'acteurs. Elisabeth Moss en tête, après avoir brillé dans Mad Men puis dans Top of the Lake, elle revient en force avec un rôle tout en retenue, ses émotions et sa révolte transparaissant à travers son regards et ses gestes si subtils. Ann Dowd (Captain Fantastic, Girls) est terrifiante en tante Lydia (cheffe des servantes) et Alexis Bledel (The Gilmore Girls) nous surprend dans un rôle où on ne l'attendait pas, sombre et mystérieux.

Une petite chose à redire ?

Franchement, la série est pour l'instant parfaite, accompagnée d'une bande-son sous tension et moderne. Si des scènes violentes ne sont jamais gratuites ni graphiques, les thèmes abordés sont eux très sombres (viol, meurtre, totalitarisme, torture, endoctrinement) et pourraient choquer les âmes sensibles.

La b-a qui donne envie : 

Quand à la littérature, elle n'est pas en reste. Que ce soit Le meilleur des mondes, 1984 ou les sagas young adult menées par Hunger Games, les livres ne manquent pas d'inspiration pour plonger leurs personnages dans des avenirs dystopiques et dangereux. Mon coup de coeur sera cette fois: Ephémère, le dernier jardin premier tome d'une saga prometteuse. On y lit les mésaventures de Rhine, âgée de 16 ans, qui vit dans un monde où les filles ne vivent que jusqu'à 20 ans et les garçons 25. Elle se voit contrainte de devenir l'une des trois épouse d'un riche jeune homme. Tradition qui voit cette jeune génération essayer sans fin de pouvoir regarder leurs enfants grandir et vieillir, se multipliant pour multiplier les chances de voir un jour la vie continuer. Cette jeune héroine ne se laissera néanmoins pas faire, bien décidée à s'échapper de cette cage dorée remplie d'illusion où elle est  obligée de vivre.

Le livre : Le dernier jardin (L. DeStefano, 2011, 3 tomes)

Pourquoi le lire ?

•   Pour son originalité: dans un monde où les maladies telles que le cancer ont été vaincues mais où les gens meurent d'un virus alors même qu'ils n'ont commencé à vivre: des personnages se battent, ou restent stoïques devant  un avenir qui semble sans issue.

•   Pour son style puissant et poignant qui rend à la perfection cet univers dur et sans pitié où les illusions font office de vie réelle.

•   Pour ses personnages divers et passionnants: Rhine, la belle captive qui ne rêve que de s'échapper, Cecily l'insupportable adolescente trop tôt plongée dans ce monde, la mystérieuse Jenna qui semble insensible à sa situation, le beau et craquant Gabriel, le fragile et séduisant Linden ou encore le terrible Vaughn.

Une petite chose à redire ?

Si c'est l'action que vous attendez, passez votre chemin. Car c'est tout en longueur que la romancière distille son intrigue dans son univers inquiétant. Attention, le suspens est bien au rendez-vous, mais il prend son temps, au compte-goutte et rend cette histoire somme toute plus réelle.

Un roman qui mérite toute les éloges pour un genre (young adult) qui est bien souvent décevant. On frissonne, on rêve, on espère et on attend avidement la suite!

L'extrait qui donne envie:

"Nous tombons tous comme des mouches. Il y soixante-dix ans , la science a perfectionné l'art de faire des enfants. Des traitements complets ont permi d'enrayer une épidémie connue sous le nom de cancer, qui pouvait toucher n'importe quel organne et faisait auparavant des millions de victimes. (...) On a cessé de concevoir des enfants naturels, imparfaits pour privilégier cette nouvelle méthode. La conception d'embryons au code génétique parfait donna naissance à une génération saine, vouée au succès. La plupart de ses membres sont toujours en vie et aborde avec grâce les rivages de la vieillesse. Ils sont de la première génération sans peur, pratiquement immortelle. Personne n'aurait pu anticiper l'hécatombe épouvantable engendrée par cette population pourtant si robuste.(...) Depuis un demi-siècle, l'humanité en proie à la panique, voit mourir ses enfants. Mais les familles les plus fortunées refusent d'accepter la défaite. Les Ramasseurs gagnent leur vie en enlevant des épouse potentielles, qu'ils vendent afin qu'elles engendre une nouvelle génération. Quoi qu'il en soit, personne n'a jamais su ce qui se passe vraiment après le ramassage initial. A présent, je vais l'aprendre."

Afin d'accompagner tout ceci, une petite musique (qui est de la grande musique) : Uprising de Muse ou comment la révolte dans un monde où on nous cache la vérité devient un hit planétaire. Puisqu'on y est, autant écouter tout l'album qui se prête à merveille à ces univers futuriste où les puissants mentent et condamnent les populations, où des rebelles se battent pour survivre et où des amoureux résistent de toutes leur force contre ce monde qui les entravent : The Resistance.

Comme une ode à la vie les paroles sont claires : They will not force us, They will stop degrading us, They will not controll us, We will be victorious, so come on !

Et de fait, come on, plongez dans les sombres avenirs qui nous sont promis, vous ne serez pas déçus.